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O Brasileiro que conheço / Le Brésilien que je connais
por Custódio Rosa
O Brasileiro que conheço vai ser governado por um governo que é a cara dele.
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par Custódio Rosa
Je suis tout comme vous. Je connais beaucoup de Brésiliens.
Dans mon cas, certains sont des artistes, d’autres travaillent dans la communication, la plupart sont des gens « cools », qui pensent le monde différemment.
Mais la majorité, peut-être 90% de ceux que je connais, incarnent le Brésilien moyen. Voici le Brésilien que je connais :
Le Brésilien que je connais ne lit pas de livre. Ou seulement des bouquins sur la motivation et le développement personnel, au mieux.
Le Brésilien que je connais ne comprend rien à l’art, en fait, il le méprise, ainsi que les artistes.
Le Brésilien que je connais sait choisir de beaux vêtements, mais il ne sait pas faire la différence entre un produit culturel médiocre et un autre qualitatif, et il consomme toujours le premier.
Le Brésilien que je connais méprise les pensées philosophiques ou spéculatives, il ne prête aucune valeur à ce qui n’est pas « pratique ».
Le Brésilien que je connais regarde avec défiance celui qui emploie un mot de plus de trois syllabes.
Le Brésilien que je connais ne comprend rien à l’histoire de son propre pays. Il ne sait rien des coups d’Etat, des révolutions, des manipulations nécessaires pour que le pouvoir et les richesses n’échappent pas au groupe social qui dirige ce pays depuis 500 ans.
Le Brésilien que je connais admet qu’on gravisse l’échelle sociale que si on adopte le discours de la classe sociale supérieure. Sinon, on sera persécuté, stigmatisé et isolé.
Le Brésilien que je connais n’est pas en faveur de la grève. Sauf celle des chauffeurs routiers, parce que le groupement des camionneurs est rétrograde et que le Brésilien que je connais n’approuve que les grèves rétrogrades.
Le Brésilien que je connais est individuellement affable et politiquement rétrograde.
Le Brésilien que je connais ne se soucie pas du nombre de personnes qui meurent dans un accident de la route, tant qu’il peut rouler à plus de 60 km/h.
Le Brésilien que je connais se lave les mains de la corruption. Il est ne considère que les scandales concernant un parti politique et la gauche. Il se fout de tous les autres.
Le Brésilien ne trouve immoral que le péché des autres.
Le Brésilien ne trouve malhonnête que la malhonnêteté des autres. Le Brésilien que je connais n’est jamais coupable de rien.
Le Brésilien que je connais ne se repend que de s’être fait prendre. Il justifie l’absurde en disant que « c’était juste une blague ».
Le Brésilien que je connais ne relie pas les causes aux conséquences. Il ne voit aucune relation entre les idioties qu’il commet et la façon dont elles impactent la nature, la société, la politique, l’économie et sa propre vie.
Le Brésilien que je connais pense que son fils de 34 ans est un garçon à protéger, mais qu’un gamin de 14 ans issu d’une favela peut être criminalisé comme un adulte.
Le Brésilien que je connais graisse la patte pour que son fils n’effectue pas son service militaire, mais il souhaite qu’un gouvernement militaire mette fin à la corruption.
Le Brésilien que je connais est soumis au chantage, il est menacé et traqué à l’intérieur d’un commissariat par un officier qui lui demande de l’argent, mais il pense que Sergio Moro est un héros.
Le Brésilien que je connais se contrefout de l’Amazonie, de la protection de la forêt et de l’environnement, comme de la tragédie de Mariana ou du réchauffement climatique. A ses yeux, le truc sympa c’est le churrasco, et recouvrir la brousse de porcelaine.
Le Brésilien que je connais est un ogre, obtus, et s’en fiche, et en tire même de la fierté.
Je sais que le Brésilien que je connais a élu un gouvernement à son image.
Photo credit: tropical.pete on VisualHunt / CC BY-SA
Les bons sentiments de Bolsonaro / Os bons sentimentos de Bolsonaro
par Baptiste Fillon
Bolsonaro sera le nouveau Président du Brésil. Malgré son usage éhonté du mensonge, de la violence verbale, son mépris de l’intelligence, son indécence historique, et un amateurisme dont on commence à entrevoir l’ampleur.
D’autres l’ont fait avant lui, même ceux qu’on disait modérés. Mais aucun n’en a joué de façon aussi systématique que lui.
Voilà le Brésil face à lui-même. Ses démons, plus ou moins vieux.
Le programme de Bolsonaro, c’est le retour au stade pré-anal, voire foetal, une enfance de l’être où l’on frappe la première personne qui vous contrarie, où l’on chasse celui ou celle qui est différent de vous, où l’on insulte celui ou celle qui prononce un mot que vous comprenez seulement au bout de 3 secondes.
C’est la quête du confort absolu.
Bolsonaro a su parfaitement exploiter la situation catastrophique du Brésil et de la politique brésilienne, mais il a surtout su proposer de bons sentiments. La protection, le câlinage. Du moins pour son électorat.
Il faut le suivre sur Twitter, observer son compte Instagram, pour réaliser qu’il se pose en papa. Celui qui vous défendra, même si vous avez tort, même s’il a tort, pourvu que vous pensiez comme lui.
Il est le signe d’une époque qui sacrifie tout à son confort immédiat, même son futur. Un temps qui a peur, et qui refuse de dépasser ses appréhensions, par bêtise et lâcheté. C’est de la politique infantile et magique, à l’instar de tous les populismes. Un peu comme si un type vous disait de danser sur une autoroute en vous jurant qu’il ne vous arrivera rien, parce que lui l’a décidé ainsi.
Bolsonaro est le chaman du pauvre. Un barbare des bons sentiments, qui dispense de tout, sauf d’une jouissance piteuse, abrutissante et basse. Ce que certains appellent le « bonheur ».
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por Baptiste Fillon
Bolsonaro será o novo presidente do Brasil. Apesar de seu uso flagrante de mentiras, abuso verbal, o desprezo da inteligência, sua indecência histórica e amadorismo que nós começamos a ver a escala.
Outros fizeram isso antes dele, mesmo aqueles que foram considerados moderados. Mas nenhum deles jogou tão sistematicamente como ele fez.
Esse é o Brasil enfrentando a si mesmo. Seus demônios, mais ou menos velhos.
O programa de Bolsonaro é a volta à fase de pré-anal, mesmo fetal, uma infância do ser onde você pode bater o primeira pessoa que te incomoda, onde você pode caçar o homem ou a mulher que é diferente de você , onde você pode insultar aquele que pronuncia uma palavra que você entende apenas após 3 segundos.
É a busca pelo conforto absoluto.
Bolsonaro foi capaz de explorar plenamente a situação catastrófica do Brasil e da política brasileira, mas ele foi especialmente capaz de oferecer bons sentimentos. Proteção, abraços. Pelo menos para o seu eleitorado.
Você tem que segui-lo no Twitter, assistir sua conta no Instagram, para perceber que ele está posando como um pai. Aquele que irá defendê-lo, mesmo se você estiver errado, mesmo que ele esteja errado, desde que você pense como ele.
É o sinal de um tempo que sacrifica tudo para o seu conforto imediato, até mesmo o seu futuro. Um tempo que tem medo, e se recusa a superar suas apreensões, pela estupidez e covardia. É política infantil e mágica, como todos os populismos. Um pouco como um cara te dizendo para dançar numa estrada e jurar que nada vai acontecer com você, porque ele decidiu assim.
Bolsonaro é o xamã dos pobres. Um bárbaro de bons sentimentos, que dispensa tudo, exceto um prazer lamentável, entorpecente e baixo. O que alguns chamam de « felicidade ».
Le nirvana moderne
Le fond du trou / O fundo do poço
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